44 Deux journees dans la peau de l'ours...

Publié le par mag

Toujours a Ulan Ude... J'ai depose ce matin ma demande de visa (avec reglement en dollars US... allez savoir pourquoi, dans un consulat de Mongolie en Russie, ils demandent des devises americaines! J'aurais presque mieux compris des francs suisses...) et je devrais l'avoir mercredi soir. Bien-sur, j'ai eu droit a la traditionnelle (semble-t-il!) tentative de vente forcee d'une police d'assurance, mais en restant sur mon "minia oujie yist, nie nada echio!", j'ai fini par recuperer mes formulaires... Donc, en principe, depart jeudi matin.

 

En attendant et comme mon moral a repris un peu des couleurs, je vous propose de revivre mes merveilleuses journees de vendredi et samedi, chronologiquement et en details...

 

 

Vendredi

 

4h45: reveil a Chemechobo, dans une petite pension ou ma voisine de train m'a accompagnee hier soir. On m'amene meme un the sature de sucre, comme d'habitude, sympa!

 

5h50: je suis a bord du petit train electrique qui va me transporter jusqu'a Irkoutsk. Lulu est entasse dans un coin, je m'installe sur une autre banquette et commence a somnoler... Pas evident vu que l'omnibus s'arrete environ toutes les 3 minutes! D'ailleurs, au bout d'un moment, il y a vraiment du monde, alors je vais m'entasser aussi avec Lulu pour liberer de la place.

 

8h12: arrivee a Irkoutsk. Un jeune gars pas bien frais m'aide a descendre mon barda et direction les guichets pour la suite du trajet. Au premier: oui, pas de probleme, c'est possible de prendre un train pour Ulan Ude avec votre velo, allez au guichet d'en face. Au guichet d'en face, longue queue puis je commence comme d'habitude par expliquer que je comprends mal le russe et qu'il faut me parler lentement; n'empeche, j'ai beau essayer de resister et de rester accrochee au comptoir,  elle m'envoie balader avec vaguement la direction d'un autre guichet, le tout avec un debit digne d'un Georges au retour d'une sortie a ski exceptionnelle... la sympathie en moins! Une jeune qui parle anglais me choppe au passage et m'accompagne gentiment au guichet en question: c'est un service payant, et cher, qui vend les memes tickets avec supplement... La jeune m'explique que le guichet ou j'etais avant peut me vendre un billet et, comme elle n'a pas le temps de m'y accompagner, elle m'ecrit un mot a presenter la-bas, expliquant en details ce que je veux et que je parle mal russe. Le resultat est le meme que la premiere fois, meme avec une autre guichetiere!...

 

10h25: je laisse tomber, depitee et quitte la gare pour les services de bus qui pullulent sur la place juste devant. Il y a des quantites impressionnantes de minibus qui se disputent les clients... Sauf qu'avec Lulu, je ne les interesse pas: "vous oui, le velo non"... Apres la troisieme reponse identique, la aussi, je laisse tomber...

 

11h: je remonte donc en selle en me disant que je vais sortir de la ville et tenter le stop au premier emplacement favorable. Difficile de savoir par ou aller au centre ville, les gens me donnenet des directions contradictoires, ensuite je tombe sur des travaux qui m'obligent a passer des escaliers, pratique avec la remorque, puis je trouve les grands axes effrayants mais efficaces. Ca monte, ca descend, ca pue, c'est plein de poussiere et de gaz d'echappement, mais je finis par sortir. Seulement. des endroits favorables au stop, y'en a pas bezef!

 

14h: je finis par trouver un village avec 2 cafes! J'y mange une soupe et un pirojki puis me pose pour tendre le pouce: pas gagne, les camions ne s'arretent pas ici, alors ce n'est pas dit qu'ils aient envie de s'arreter pour moi (les autres fois, j'ai accoste les chauffeurs a pied dans les cafes ou a leur sortie)...

 

16h30: je laisse tomber, personne n'a meme fait mine de vouloir me demander ou j'allais... En mettant les bouchees doubles, je serai peut-etre demain a la prochaine ville ou je retenterai le train. Je repars a velo.

 

17h15: pause pipi... Ah ben, le grand jour du mois, c'est sur, ca va bien avec la journee! Parfois, j'aimerais bien que ma feminite reflechisse un peu avant de s'exprimer...

 

18h: les cotes s'enchainent, de plus en plus raides et de plus en plus longues: je commence a terminer les montees a pieds... Arrive une grosse pluie d'orage: il y a de quoi m'abriter un peu en arriere, mais j'en ai tellement bave pour monter depuis que je ne veux pas me refarcir de morceau, tant pis, je continue sous la flotte et serre les freins et les fesses dans les descentes...

 

19h45: je n'avance pas, je pousse la moitie du temps et je commence a etre vraiment crevee, il reste encore 45km jusqu'a la ville convoitee et, a ce rythme-la, j'y arriverai tard demain.. Les temps sont durs! Je decide de m'arreter pour la nuit en haut de la cote, histoire de commencer facile demain.

 

19h52: je dois vraiment avoir l'air minable, a pousser mon Lulu la tete basse: deux jeunes en petit camion japonais s'arretent et chargent les betes. Ils nous emmenent jusqu'a Baikalsk, au bord du lac...

 

22h10: la nuit tombant, a la descente du camion, je me depeche de trouver un coin pour la nuit, pas trop pres du lac ou un festival de rock bat son plein... Je m'installe avec les dernieres lueurs sur un replat qui a l'air pas trop mal et m'endors, revant de baignade dans ce lac fabuleux, meme s'il est froid!

 

 

Samedi

 

dans la nuit: grondements de tonerre puis battement de la pluie sur la tente... J'aurais peut-etre du tendre la bache en plus, ca facilite le pliage et le chargement au matin. Tant pis!

 

7h: reveil moelleux... Mon replat correct s'est gorge de flotte et transforme en matelas a eau! Le sol de ma tente fait ce qu'il peut mais tout est quand-meme trempe...Branle-bas de combat et sauve-qui-peut...

 

8h45: sous la pluie battante et les eclairs, je finis par trouver la petite gare. La guichetiere, tout sourire, me dit que je peux, sans probleme, prendre le train pour Ulan Ude avec mon velo, mais dans une autre gare. Je repars donc avec des indications sur un bout de papier.

 

10h10: apres erreurs, demi-tours, hesitations, j'arrive en vue de la gare en question. Un type, qui m'a doublee en camionnette et m'a dit des trucs que je n'ai pas compris, travaille dans un garage juste a cote et me fait signe de venir. Entre les mots et les signes, il arrive a me faire comprendre que la gare est fermee... Stupeur et desespoir! Il doit voir que je n'en suis pas loin, parce qu'il rentre mon velo dans son garage et me met entre les mains de sa femme qui m'emmene chez eux, au chaud, au sec, me fait enfiler des vetements chauds et me flanque the, soupe et poisson sous le nez! En fait, la gare est fermee le temps de la pause de la guichetiere, copine de la femme. Apres cette pause bien reconfortante, elle m'accompagne a la gare pour y prendre un billet dans le transsiberien (dont je suis la ligne depuis Omsk, ca aurait ete plus simple, finalement...), apparemment sans probleme avec Lulu...

 

13h38: le train arrive, mais le provodnik n'est pas d'accord pour charger velo et remorque: il n'y a pas la place dans le compartiment... Et je le vois, mon billet et mon passeport a la main, alors que le train commence a repartir, continuer a dire non... Et Lena, ma sauveuse du jour, lui flanque de force le velo dans la porte, le mecano de l'Ouzbekistan fait suivre la remorque et je saute dans le train en marche... On fait tenir tout ca le mieux possible et je vais m'assoir a ma place, jes jambes toutes flageolantes...

 

17h40: arrivee a Ulan Ude... Apres tout ca, chercher sur internet puis dans la ville un hebergement pour la nuit parait d'une simplicite enfantine, meme s'ils n'ont plus de place et me casent chez une famille une rue plus loin... Lulu est au garage, la tente, les matelas, le duvet etendus a secher et je dors au chaud... Le reste attendra demain!

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F
<br /> Argh, c'est dur tout ça pour une Lugu toute seule !!! Mais, tu rebondis bien et on y croit à fond. Heureusement que tu rencontres des gens sympas. Courage, Gali. Moi, j'en ai plus beaucoup en ce<br /> moment. Je t'envoie tout ce qui me reste ... Gros bisous,<br /> <br /> <br />
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M
<br /> oh la la ! quel courage contre les grains de sable s'arque-boutant pour bloquer chaque tentative d'avancer ! Où sont passées les températures caniculaires ? Je pense à Pépé qui disait qu'il vaut<br /> mieux installer sa tente, dans la mesure du possible, sur un petit 'mamelon' protecteur de l'inondation. Après que tu aies rencontré tant de gens sympathiques et serviables, pourquoi tous les<br /> autres se sont-ils regroupés sur le trajet de ce train et que tu les rencontres tous le même jour ? ouf, tu en es sortie ! Profite bien de ton repos forcé pour reconstituer un peu tes forces, ton<br /> moral et soigner Lulu et merci pour ce long récit qui nous permet enfin de comprendre ton détour. A bientôt. Affectueusement Mam GI<br /> <br /> <br />
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E
<br /> Des photos, des photos !<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Euh... j'y travaille mais j'y arrive pas!! Je vais surement devoir trouver un cyber payant, mais ca viendra...<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> :) On écarquille les yeux ... on fait la grimace ... on sourit ... j'espère bien que maintenant tu en rigoles ... Petite Mag mais qu'allais-tu faire dans cette galère !!!! je pense bien à toi ...<br /> aller roule, roule ...<br /> <br /> <br />
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E
<br /> Trouve toi un petit coin tranquille pour te reposer deux jours sans trop forcer et reprendre du poil de l'ours !<br /> Gros gros bisous.<br /> <br /> <br />
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